• cosmopolis_wallpaper_1_1024x768pxCosmopolis

     

    Une virée métaphysique en limousine.

     

    Le dernier film du canadien David Cronemberg est directement adapté du Cosmopolis  de l’écrivain américain Don Delillo, réputé inadaptable.

    On suit dans ce film, sur une durée d’environ 24h,  Eric Packer, golden boy multi millionnaire au tempérament glacial, qui décide d’aller se faire couper les cheveux à l’autre bout de New York. Mais Manhattan est bloqué par la venue du président des Etats-Unis, et en toile de fond, tout le système financier capitaliste s’écroulant devant ses yeux.

    Robert Pattinson, l’étoile montante de la jeune génération hollywoodienne, bluffe par la maturité de son jeu, faisant oublié son passé de vampire dans la saga Twilight. La performance est indéniable. En effet, pendant la quasi-totalité du film la caméra est tournée vers lui, comme agrippée . On pouvait voir ce rôle comme un cadeau empoisonné offert à Robert Pattinson, mais il en ressort surtout une révélation pour le public.

    C’est un film avant tout déroutant, un Huis-clos mobile. Cronemberg arrive à s’en sortir avec un rapport entre les espaces qui tient de l’improbable : 98 % de limousine et 2% d’extérieur et ça tient plutôt bien, car tout à un sens dans ce film et les seules scènes à l’extérieur de la limousine révèlent ce qui se joue dans en son sein.

    Les obsessions de David Cronemberg sont archi-présentes. Tout y est : l’érotisme latent et malsain,  provoquant des tensions sublimes entre ses personnages ; la brutalité soudaine des scènes de violences ; la vision pessimiste et apocalyptique d’un monde courant à sa perte.

    Contrairement à ces films antérieurs où les questions philosophiques étaient implicitement posées à travers les agissements de ses personnages. Dans Cosmopolis elles sont posées ouvertement, dans ces longs dialogues où les questions et les réponses s’entrecroisent à un rythme tantôt effréné, tantôt lent. Elles accompagnent ainsi l’analogie entre la chute de deux mondes : celui d’Eric Packer et celui du système capitaliste.

    Ses seuls défauts résident dans ses qualités. Le film contient des dialogues un chouya long et les allergiques aux questions trop philosophiques pourraient perdre le fil du film.  Cosmopolis reste un Cronemberg atypique par rapport au reste de sa filmographie, qui mérite complètement d’être vu.

    B.H 


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  • Sur la Route

     

    Une route bien fade

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    « Sur la Route » est certainement l’une des œuvres majeures de la littérature du XXème siècle. Pierre angulaire de la beat generation, l’ouvrage de Kerouac a inspiré bon nombre d’écrivains, d’où le caractère sacré qu’on lui concède. Considéré comme inadaptable, Walter Selles (metteur en scène de Carnets de voyages notamment), après avoir réalisé un documentaire sur la beat generation afin de comprendre la pléthore de protagonistes qui entourent le roman, a décidé de relever le défi.

    L’entreprise est louable mais le résultat est bien moins enchantant qu’on pouvait l’espérer et la déception sera grande, à la hauteur du mythe, chez les amoureux littéraires. Le véritable problème de cette réalisation tient en son rythme, beaucoup trop lent pour ne pas lasser les spectateurs. En refusant de s’essayer à traduire la prose cadencée et scandée de Kerouac, le tempo du film manque de vigueur mais aussi de vitalité. En effet, on a la fâcheuse impression qu’il manque une âme à ce projet, le réalisateur tombant dans le contemplatif au lieu de s’hasarder à s’approprier la matière première. Les pérégrinations des personnages s’enchainent, les rencontres se multiplient, mais la redondance qu’engendrent ces scènes empêchent l’émergence de toute émotion pour le spectateur, désabusé, par tant d’hermétisme. 

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    On se retrouve face à un cocktail sexe-drogue-jazz qui n’a que peu de saveur, la folie des personnages étant beaucoup trop atténué. Seul Garrett Hedlund, par son charisme, parvient à tirer le film vers le haut en le portant sur ses épaules. Son interprétation, tout en nuance, retranscrit allégrement la complexité et la personnalité trouble de Neal Cassady (Dean Moriarty dans l’adaptation).

    Walter Selles, s’il a opté brillamment pour une œuvre basée sur les personnages (refusant la simplicité de filmer les grands espaces américains pour placer sa caméra toujours au cœur de la voiture), a oublié d’apporter son point de vue, se comportant plus comme un admirateur qu’un metteur en scène. En voulant rester le plus fidèle possible à l’œuvre originelle, le réalisateur, commet l’irréparable en banalisant cette folle traversée dans un film fleuve dont les longueurs finissent par s’éterniser. Finalement, « Sur la Route » était peut-être bien inadaptable…

    C.


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  • Moonrise Kingdom

     

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    Une ouverture magique pour le festival de Cannes.

    Tout droit sorti du monde féerique de Neils Anderson, Moonrise Kingdom est un véritable joyaux d’imagination et de créativité. Ouverture du festival de cannes 2012, Moonrise Kingdom est à la hauteur de cet événement mondial qu'est le festival de Cannes.

    Sur une île au large de l'Angleterre, Suzy et Sam, deux enfants à problème, tombent amoureux l'un de l'autre et décident de s'enfuir ensemble pour vivre leur idylle.

    Dès la première scène du film, le spectateur découvre un univers ampli de couleurs, où chaque image est harmonieuse. Un travail immense est réalisé sur les costumes, toujours construit en symbiose avec les décors. Le tout rehaussé par une caméra aux déplacements réguliers donnant de la profondeur à l'image. Cette image magnifique permet au scénario d'offrir toute sa poésie, toute sa beauté. L'histoire incroyable qui nous entraîne au cœur des péripéties de ses deux enfants et de leur groupe de poursuivants sonne juste et appel au sentiment.

    L’impressionnant casting de seconds rôles (Bruce wills, Edward Norton, Bill Muray) bien qu'excellent, n'enlève rien à la très bonne interprétation des enfants (Jared Gilman, Kara Hayward)

    Ces second rôles sont d'ailleurs tous dotés de personnalités plus extravagantes les unes que les autres (non sans rappeler les plus grands personnages des frères Cohen) et ils contribuent au fantastique humour du film qui mêle l'incongru au décalé. Tout le film respire de cette fraîcheur, de cette beauté simple, onirique qui continue de vous faire rêver une fois sortie de la salle.

    Il en sort un film touchant, beau, plein d'humour qui constitue une des plus grandes réussites de ce début d'année 2012.

    A.D


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  • De rouille et d'os

     

    Et un chef-d'oeuvre de plus !

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    Après un exceptionnel « Un Prophète », drame carcéral d’une intensité inouïe, couronné du Grand Prix de l’édition 2009 du Festival de Cannes, on se demandait quel allait être le retour de Jacques Audiard sur la croisette. Finalement, c’est par la très grande porte, en fracassant tout sur son passage, que le réalisateur réapparaît sur la Côte d’Azur, nous exposant un film maîtrisé de bout en bout. Tel un marionnettiste, Audiard, dans une direction d’acteurs parfaite, s’amuse à malaxer et à écorcher ses personnages, leur livrant une densité et une profondeur accentuées par leur complexité et instabilité. Perdus, écorchés vifs, les deux protagonistes principaux (Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts) naviguent en eaux troubles dans ce récit insaisissable, affrontant les vagues les unes après les autres sans jamais pouvoir les prédire, fugacité de leurs agissements qui dicte le rythme du métrage avec force.

    Expressionniste, Audiard parvient à filmer cette romance avec une telle véracité qu’elle en devient effrayante, le spectateur plongeant dans une intimité à laquelle il n’était pas préparé. Une vérité criante émane de chaque plan, nous donnant au fil des images une claque de plus en plus forte jusqu’à nous mettre KO. Le montage est d’une qualité époustouflante, les heures de pellicules se transformant en leçon de cinéma, notamment dans la scène de l’accident, exemplaire de l’onirisme qui s’empare de ce long-métrage organique. De plus, la bande-son sonne comme un écho à la musicalité des dialogues, renforçant le lyrisme auquel on a succombé. 

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    Mais si ce « De rouille et d’Os » parvient à être aussi efficace, c’est aussi, en grande partie, grâce au talent incontestable des deux acteurs principaux, Marion Cotillard, étincelant à chacune de ses répliques et Matthias Schoenaerts, d’une intensité brutale époustouflante. Lorsque ces deux-là se rencontrent à l’écran, l’alliage des deux joyaux est parfait, un simple regard suffisant pour faire passer les émotions.

    L’alchimie existante entre les deux acteurs a permis à Audiard de disposer d’une matière première inestimable, qu’il a su transcender avec simplicité et véhémence à la fois. Ne tombant jamais dans le faux semblant, le film est touché par une grâce dont on ne peut comprendre les raisons, à l’image de la passion charnelle qui anime les deux héros. Sa force tient aussi à avoir exposé cette romance dans une atmosphère inattendue, entre douceur et violence. Jacques Audiard est définitivement au sommet de son art, et il semble, aujourd’hui, difficile d’envisager comment il pourrait réaliser un projet plus abouti que celui-ci… jusqu’au prochain.

    C.


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  • Tout le microcosme cinéphilien est en émoi, les résultats viennent de tomber et il n’est pas question de politique ! La liste, encore plus attendue que celle de Laurent Blanc pour l’Euro, réserve comme chaque année son lot de surprises sur la Croisette. Découvrez ci-dessous les films en compétition, les long-métrages sélectionnés dans la section Un Certain Regard et enfin certains films qui seront présentés hors compétition. 

     

    Les films en compétition

    Moonrise Kingdom de Wes Anderson 
    De rouille et d'os de Jacques Audiard
    Holy motors de Leos Carax
    The Paperboy de Lee Daniels
    Cosmopolis de David Cronenberg
    Amour de Michael Haneke
    Killing Them Softly de Andrew Dominik
    Lawless de John Hillcoat

    Vous n'avez encore rien vu d'Alain Resnais

    Sur la route de Walter Salles
    La Part des Anges de Ken Loach
    Mud de Jeff Nichols
    In another country de Hong Sang-soo

    Reality de Matteo Garrone

    Taste of money de Im Sang-soo

    Like Someone In Love d'Abbas Kiarostami
    Dans la brume de Sergeï Loznitsa
    The Hunt de Thomas Vinterberg

    Paradise d'Ulrich Seidl

    Beyond the hill de Cristian Mungiu
    Après la bataille de Yousry Nasrallah

    Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas

     

    Un Certain Regard

    Miss Lovely d'Ashim Ahluwalia

    La Playa de Juan Andrés Arango

    Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch

    Trois Mondes de Catherine Corsini

    Antiviral de Brandon Cronenberg

    7 Jours à La Havane de Benicio Del ToroPablo TraperoJulio MedemElia SuleimanJuan Carlos TabioGaspar Noé and Laurent Cantet

    Le Grand soir de Benoît Delépine et Gustave Kervern

    Laurence Anyways de Xavier Dolan

    Aimer à perdre la raison de Joachim Lafosse

    Después de Lucia de Michel Franco

    Mystery de Lou Ye

    Student de Darezhan Omirbayev

    La Pirogue de Moussa Toure

    Elefante Blanco de Pablo Trapero

    Confession d'un enfant du siècle de Sylvie Verheyde

    The Day he chose his own fate de Koji Wakamatsu

    Beasts of the southern wild de Benh Zeitlin

     

     

    Les Films Hors Compétition

    Une journée particulière de Gilles Jacob et Samuel Faure

    Moi et toi de Bernardo Bertolucci

    Madagascar 3 : Bons Baisers D’Europe de Eric DarnellTom McGrath etConrad Vernon

    Hemingway & Gellhorn de Philip Kaufman

    Ai To Makoto de Takashi Miike 

    Dracula 3D de Dario Argento 

    Roman Polanski, film mémoire de Laurent Bouzereau 

    The Central Park Five de Ken BurnsSarah Burns et David McMahon

    Journal de France de Raymond Depardon et Claudine Nougaret 

    Der Müll Im Garten Eden de Fatih Akın 

    Les Invisibles de Sébastien Lifshitz 

    A Música Segundo Tom Jobim de Nelson Pereira Dos Santos 

    Villegas de Gonzalo Tobal 

    Mekong Hotel de Apichatpong Weerasethakul 

    Thérèse Desqueyroux de Claude Miller

     

    Rendez-vous  très bientôt pour les critiques !


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